Le Rêve de Yoroboshi [2024]

24 août 2025

Festival Futura, 32e édition, Crest, Drôme
création de « Le Rêve de Yoroboshi » 24’00 pour support audio par Nathanaëlle Raboisson, acousmonium Motus
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Cette pièce a pour départ un Nō moderne de Yukio Mishima, intitulé Yoroboshi. Un texte à la fois riche sur les sensations qu’ils procurent, mais aussi complexe sur les significations multiples (notamment, par son utilisation de symboles bouddhistes et les liens subtils qu’il tisse avec le théâtre Nō traditionnel).
Ce que je traite spécifiquement, c’est la fin du texte de Mishima, où le personnage central de la pièce, Toshinori, exprime ce qu’il a perçu lors du bombardement qui lui a fait perdre la vue : une vision de la fin du monde à travers un univers en flammes, qui deviendra la seule réalité à laquelle il se sent appartenir.
C’est un récit hallucinatoire, c’est une mise en perspective de l’hypocrisie d’un monde voué à la destruction. C’est l’horreur de la guerre qui rend fous les humains, c’est l’impossibilité de communiquer sur cette fin du monde.
Le texte n’est pas présent lui-même, il est seulement une inspiration sonore et formelle
Cette musique est composée de 3 parties, chacune portant un titre issu du texte.

Partie 1 : « Des averses de flammes tombent du ciel »
« Regardez ! Des averses de flammes tombent du ciel ! Toutes les maisons prennent feu. Les fenêtres des immeubles vomissent des flammes. Je vois clairement le ciel tout plein d’étincelles. Les nuages bas sont d’une vénéneuse couleur pourpre, et se reflètent dans une rivière d’un rouge éclatant. La dure silhouette d’un grand pont métallique s’y profile. Il est poignant de voir un grand arbre enveloppé de flammes ; son faîte tout embrasé d’étincelles s’agite au vent. Les arbustes et les bosquets de bambous portent tous le blason et la livrée du feu. Partout palpitent les bannières du feu. »
Partie 2 « C’est un son étrange, gémissant »
« Tout est pourtant étrangement calme. Et, dans ce calme, comme le gong d’un temple, un seul son résonne et rebondis dans toutes les directions. C’est un son étrange, gémissant, comme si quelqu’un psalmodiait les Écritures bouddhiques. Que pensez-vous que ce soit ? Qu’en pensez-vous ? Mademoiselle Sakurama, ce ne sont ni des paroles ni des chants, c’est le râle de l’humanité qui meurt. »
Partie 3 « je n’ai vu que le soleil couchant »

Remerciement à Hiroko Higuchi

Parmi les prises de sons utilisées, certaines ont pour origine :
– du théâtre nō classique : Kiyotsune « Koi-no-netori » et « Yoroboshi » ;
– des cérémonies bouddhistes ou des récitations de soutra : à Hyakumanben Chion-ji, Kyoto, ou au To-ji, Kyoto…
– des ambiances dans le parc de Mémorial de la Paix d’Hiroshima
Cette pièce est une partie/un premier essai, d’un projet plus ambitieux qui sera avec voix danse buto, vidéo, électronique… et qui sera basé sur l’ensemble du texte de Mishima